Première page de "Manon des Sources" Editions Fortunato 2004
Dès qu'il reçut la grande nouvelle, Attilio n'hésita pas une seconde, et il vint d'Antibes pour diriger en personne les premiers travaux.
Il arriva sur une étincelante bicyclette à pétrole qui tirait des coups de fusil en traînant une longue écharpe de fumée bleue.
Il était grand, large d'épaules, et beau comme un prince romain. Il parlait un patois que l'on ne comprenait pas très bien, et un français convenable, mais qui employait souvent deux adjectifs l'un pour l'autre.
Il se signa devant la source, qu'il regarda longtemps couler, puis il dit : " Elle est belle claire." Et il en but ensuite un gobelet, avec l'attention d'un dégustateur, et déclara : "Elle est bonne fraîche."
Puis, avec sa montre et un seau, il fit plusieurs expériences, et dit enfin :
"Tu as au moins quarante mètres par jour. Des cubes! Nous autres, à Antibes, ça nous coûterait trois mille francs par an! Pour une plantation de deux ouvriers, tu en as trois fois de trop!"
Ugolin et le Papet se regardaient en riant de plaisir. Puis, ils se promenèrent dans le champ. Ugolin donna un coup de pioche, Attilio écrasa une petite motte dans sa main, la regarda et la flaira.
"Elle est belle grasse, dit-il. Elle fera de grosses fleurs. " .....
Première page de "Manon des sources" Editions Fortunato 2004
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